Le secteur du nucléaire en France est au cœur de deux défis majeurs : celui de la transformation de la production énergétique et celui de l’exploitation et de la maintenance des installations existantes.
Transformer la production énergétique à l'horizon 2050
De grands enjeux environnementaux et économiques conduisent à mener un programme de relance du nucléaire en France.
Le contexte climatique et environnemental, d’une part, nécessite de réduire l’usage des énergies fossiles (charbon, pétrole, ...). Cela se concrétise par une électrification massive des usages et, par conséquent, un besoin croissant en énergie électrique.
D’autre part, les enjeux économiques et d’indépendance énergétique favorisent le « mix énergétique », composé d’électricité nucléaire et d’énergies renouvelables. Grâce à une production stable et massive, la production d’énergie nucléaire vient en soutien de celle d’origine renouvelable, par nature intermittente.
Enfin, la politique de réindustrialisation, pour renforcer la souveraineté de la France, vise toutes les filières industrielles, dont celle du nucléaire. Cela se traduit notamment par la construction de nouveaux réacteurs EPR2 et le développement de réacteurs modulaires et innovants.
Le nucléaire, une énergie décarbonée
Avec une émission de 4 g de CO2/kWh d'électricité produit, l'électricité d'origine nucléaire émet 200 fois moins de CO2 que celle issue du charbon.
Exploiter et maintenir les installations existantes
La France compte 57 réacteurs nucléaires sur son territoire, dont 14 en région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que de nombreuses installations liées à la vie des centrales (fabrication des combustibles, des gros composants, traitement des déchets, démantèlement, ...). L’exploitation et la maintenance de ces équipements en toute sûreté constitue le deuxième enjeu majeur pour la filière. Ceci se concrétise par des projets d’envergure, tels que :
- Le programme de maintenance et d’amélioration continue des réacteurs existants (programme « Grand carénage »),
- La création d’un centre de stockage profond des déchets radioactifs (projet CIGEO implanté dans l’Est de la France),
- Des chantiers de démantèlement des installations arrêtées.
Les grands projets à venir en Auvergne-Rhône-Alpes
Développement de réacteurs nucléaires, amélioration de la sûreté… en plus des recherches réalisées au niveau national et international, différents projets sont en cours et seront lancés d'ici à 2032 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le programme "Nouveau nucléaire français"
Un pôle d'excellence de l'ingénierie nucléaire, à Lyon, formé par EDF et ses filiales (Edvance, Framatome, ...) travaille au développement du nucléaire de demain. Dans le cadre du programme de construction des réacteurs EPR2 (qui comprend la construction de 3 paires de réacteurs EPR2 et l'étude de 4 paires additionnelles de réacteurs EPR2), le site de Bugey, dans l'Ain a été choisi pour étudier l'accueil de deux réacteurs.
Qu'est-ce qu'un réacteur EPR2 ?
Il s'agit de la toute nouvelle génération de réacteur EPR, à eau sous pression de forte puissance. Deux réacteurs EPR2 de 1670MW produisent 50% de l’électricité de l’Ile de France sur un an.
Ce programme comprend aussi, en région Auvergne-Rhône-Alpes, l’étude de réacteurs nucléaires innovants : les SMR et AMR. Ce sont des réacteurs compacts de petite puissance qui proposent d’autres usages que la seule production d’électricité, permettant ainsi de décarboner des secteurs autres que la production d’électricité (industrie, chauffage, transport). Leur design simple permet une fabrication standardisée et en série de beaucoup de composants et systèmes, en usine, qui sont ensuite assemblés sur site.
Réacteurs SMR et AMR, de quoi parle-t-on ?
Les réacteurs SMR (small modular reactors) sont basés sur des technologies existantes et les réacteurs AMR (advanced modular reactor) utilisent des technologies innovantes et variées.
Les SMR et AMR sont destinés à produire de la chaleur (pour les usines ou les réseaux de chaleur urbaine), utiliser la cogénération (chaleur + électricité) pour produire de l’hydrogène et des carburants durables ou dessaler l’eau douce, équilibrer les réseaux électriques en complément des énergies renouvelables (via le suivi de charge, et des dispositifs de stockage intégrés), alimenter les sites isolés. Certains AMR peuvent en outre diminuer le volume et la durée de vie des déchets, en utilisant comme combustible les déchets des centrales actuelles.
Le programme "Grand carénage"
Il s’agit du programme de maintenance et d’amélioration continue des réacteurs nucléaires existants. Il vise à poursuivre le fonctionnement des réacteurs d’EDF au-delà de 40 ans tout en garantissant la sécurité des installations et le niveau de sûreté attendu pour protéger l’homme et l’environnement.
En Auvergne-Rhône-Alpes, 14 réacteurs nucléaires sont concernés, ils sont placés à Bugey (01), Saint-Alban (38), Cruas-Meysse (07) et Tricastin (26).
Démantèlement et traitement des déchets nucléaires
La déconstruction et le traitement des déchets (des centrales en démantèlement et des centrales existantes) est une étape normale dans la vie d'une centrale nucléaire. EDF en assure la responsabilité technique, financière et réglementaire. Au sein du groupe, 1 000 personnes sont mobilisées sur les opérations de déconstruction et de gestion des déchets radioactifs.
La région Auvergne-Rhône-Alpes est particulièrement en pointe sur ces activités. Le pôle d'ingénierie d'EDF pilotant l'ensemble des activités de démantèlement en France est situé à Lyon. Contrairement au parc en exploitation qui, lui, est standardisé, les neuf réacteurs en cours de déconstruction sont de quatre technologies différentes. Leur déconstruction nécessite donc de développer des technologies innovantes et des modes d'intervention uniques (simulations numériques, robots télé-opérés, etc.).
Cylife, filiale d'EDF et leader européen du démantèlement nucléaire et de la gestion des déchets radioactifs de faible et très faible intensité, est également présent à Lyon pour organiser ces activités.
Les projets clés dans la région :
- Dans le cadre des activités de traitement des déchets nucléaires, l’installation EDF de conditionnement et d’entreposage des déchets activés (ICEDA) a été lancée fin 2020, en Auvergne-Rhône-Alpes, sur le site de la centrale nucléaire de Bugey (01). Elle permet d’entreposer temporairement des déchets radioactifs en attendant leur stockage définitif.
- Deux installations nucléaires EDF, la centrale de Creys-Malville (38) et la centrale de Bugey (01) sont en démantèlement sur le territoire.
Projet d'évolution de sites existants
- Évolution des usines du cycle de combustible, sur le site d'Orano Tricastin, avec le projet d'extension de l'usine d'enrichissement d'uranium, qui a débuté en septembre 2024.
- D'importants investissements de Framatome, en particulier sur le site de Romans (26).
La recherche : un élément fondamental du nucléaire
Il n'y a pas d'avancées ni de projets sans recherche ! Les chercheurs travaillent sur différents sujets. En voici quelques uns :
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Les activités de recherche du CEA Marcoule-Cadarache portent sur l’utilisation durable des ressources : le cycle des matières, le traitement et recyclage des combustibles, la gestion des déchets…
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La fusion nucléaire : lors de la fusion de deux noyaux atomiques légers qui vont former un seul noyau lourd, une grande quantité d’énergie est libérée. Les chercheurs du monde entier étudient le phénomène. L’objectif est d’arriver à l’appliquer à la production d’énergie.
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L’exploration spatiale : actuellement le nucléaire joue un grand rôle dans la conquête spatiale. Pour Framatome space (r), « la propulsion nucléaire peut offrir des vitesses supérieures et une plus grande efficacité. Elle réduirait considérablement le temps nécessaire pour atteindre la planète Mars ».
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Les applications médicales du nucléaire : quand on fait une radio le nucléaire médical est utilisé, la radiothérapie est une autre application du nucléaire médical. Le nucléaire sauve aussi des vies.
Création de 100 000 emplois dans le nucléaire en France
Qui dit projets nucléaires dit création d’emplois ! Dans les 10 ans à venir, 100 000 emplois sont à pourvoir dans 3 200 entreprises techniques et spécialisées. Ces recrutements permettront de remplacer les départs (retraite ou reconversion) et de faire face à l’accroissement d’activité lié aux projets du nucléaire existant et du nouveau nucléaire.
Quels sont les métiers concernés ?
De nombreux métiers sont concernés par les recrutements. Parmi eux, 80 métiers techniques vont recruter dans des secteurs génériques accessibles avec ou sans formation spécifique au nucléaire ; c’est le cas de la mécanique, l’électricité, le génie civil…
Pour certains métiers, les recrutements sont lancés, pour d’autres les embauches se feront selon le calendrier des projets. Les emplois de construction et d’exploitation, directement liés aux projets du nouveau nucléaire, auront lieu dans un second temps.
Quels métiers recrutent immédiatement ?
Les métiers liés à la poursuite de l’exploitation des centrales existantes : automaticien, bobinier, chaudronnier, électricien, fondeur, forgeron, soudeur, technicien maintenance, technicien radioprotection, tuyauteur, personnel certifié pour les contrôles non destructifs (END- CND).
Les métiers d’ingénierie qui préparent les nouveaux réacteurs : chef de projet, ingénieur études conception électricité, ingénieur études conception mécanique, ingénieur procédés/ingénieur installation générale.
Quels métiers recruteront pour la construction de nouveaux projets ?
Les métiers qui construiront les nouveaux réacteurs c'est-à-dire ceux du génie civil : conducteur de travaux, monteur, coffreur-bancheur, dessinateur- projeteur, projeteur génie-civil/projeteur BIM.
Pour l’ensemble de ces métiers, les industriels du nucléaire attendent des profils variés, avec une volonté de diversifier et de féminiser davantage ses recrutements : avec ou sans qualification, avec ou sans expérience.