©LAVOUE STEPHANE ; TOMA ; CAPA PICTURES

Le nucléaire et moi, des atomes crochus

Première région électronucléaire de France, Auvergne-Rhône-Alpes offre de nombreuses opportunités d'emploi dans cette filière

Le nucléaire en Auvergne-Rhône-Alpes, une filière d’avenir

En 2023, le nucléaire représente 65 % de l’électricité produite en France. C'est une source de production d'électricité bas carbone, respectueuse de l'environnement. Parce qu'il garantit une production d'électricité stable et en grande quantité, le nucléaire permet, en parallèle, le développement des énergies renouvelables qui sont par nature intermittentes. Il contribue ainsi pleinement à la transition énergétique vers un avenir décarboné.

Auvergne-Rhône-Alpes, première région électronucléaire de France

Un quart de l’électricité bas carbone d’origine nucléaire française est produite en Auvergne-Rhône-Alpes. En 2021, la production s'élevait à 84,3 TWh, soit une production supérieure à la consommation d’électricité de la région la même année.
Avec près de 50 000 emplois, la région représente 20% de la filière au niveau national.
650 entreprises nucléaires ont leur siège en Auvergne–Rhône-Alpes, dont 75% sont des TPE et PME. Ces entreprises offrent une très grande variété d’environnement de travail : en ville ou à la campagne, des usines et des ateliers de fabrication, de la maintenance, des exploitants, des bureaux d’études et de la recherche, des centres de formation technique, des organismes de contrôle...
Dans les 10 prochaines années, ce sont 20 000 emplois supplémentaires qui sont attendus en région, à tous les niveaux de qualification et à tous les âges.

Toutes les activités du nucléaire sont présentes en région

Tout le cycle nucléaire est présent en région Auvergne-Rhône-Alpes : combustible, conception, exploitation, déconstruction, retraitement, formation, recherche et nouveaux projets, international.

La région dispose de sites industriels exceptionnels, tels que :

  • EDF : 14 réacteurs nucléaires en exploitation (sur 57 en France) : Bugey (Ain), Tricastin (Drôme), Saint Alban (Isère) et Cruas (Ardèche), un site en déconstruction (Creys-Malville) ainsi qu'un pôle d'excellence de l'ingénierie nucléaire à Lyon,
  • FRAMATOME : la plus grande usine au monde d’assemblages combustibles à Romans sur Isère (Drôme) et deux autres usines à Jarrie (Isère) et Ugine (Savoie),
  • ORANO Tricastin : le plus grand site nucléaire d’Europe avec l’usine d’enrichissement d’uranium George Besse et l’usine de conversion d’uranium Philippe Coste, la plus moderne.

Le nucléaire, comment ça marche ?

Vous voulez en savoir plus sur le nucléaire ? La SFEN – Société Française d’Énergie Nucléaire – propose de nombreuses ressources en ligne, pour répondre aux questions que l’on se pose sur le nucléaire. Par exemple :

Les enjeux du secteur et leurs impacts sur les métiers et l'emploi

Un secteur au coeur de 2 défis majeurs : transformer la production énergétique, maintenir et exploiter les installations existantes

©Antoine SOUBIGOU ; SOUBIGOU ANTOINE

Le secteur du nucléaire en France est au cœur de deux défis majeurs : celui de la transformation de la production énergétique et celui de l’exploitation et de la maintenance des installations existantes.

Transformer la production énergétique à l'horizon 2050

De grands enjeux environnementaux et économiques conduisent à mener un programme de relance du nucléaire en France.
Le contexte climatique et environnemental, d’une part, nécessite de réduire l’usage des énergies fossiles (charbon, pétrole, ...). Cela se concrétise par une électrification massive des usages et, par conséquent, un besoin croissant en énergie électrique.
D’autre part, les enjeux économiques et d’indépendance énergétique favorisent le « mix énergétique », composé d’électricité nucléaire et d’énergies renouvelables. Grâce à une production stable et massive, la production d’énergie nucléaire vient en soutien de celle d’origine renouvelable, par nature intermittente.
Enfin, la politique de réindustrialisation, pour renforcer la souveraineté de la France, vise toutes les filières industrielles, dont celle du nucléaire. Cela se traduit notamment par la construction de nouveaux réacteurs EPR2 et le développement de réacteurs modulaires et innovants.

Le nucléaire, une énergie décarbonée

Avec une émission de 4 g de CO2/kWh d'électricité produit, l'électricité d'origine nucléaire émet 200 fois moins de CO2 que celle issue du charbon.

Exploiter et maintenir les installations existantes

La France compte 57 réacteurs nucléaires sur son territoire, dont 14 en région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que de nombreuses installations liées à la vie des centrales (fabrication des combustibles, des gros composants, traitement des déchets, démantèlement, ...). L’exploitation et la maintenance de ces équipements en toute sûreté constitue le deuxième enjeu majeur pour la filière. Ceci se concrétise par des projets d’envergure, tels que :

  • Le programme de maintenance et d’amélioration continue des réacteurs existants (programme « Grand carénage »),
  • La création d’un centre de stockage profond des déchets radioactifs (projet CIGEO implanté dans l’Est de la France),
  • Des chantiers de démantèlement des installations arrêtées.

Les grands projets à venir en Auvergne-Rhône-Alpes

Développement de réacteurs nucléaires, amélioration de la sûreté… en plus des recherches réalisées au niveau national et international, différents projets sont en cours et seront lancés d'ici à 2032 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Le programme "Nouveau nucléaire français"

Un pôle d'excellence de l'ingénierie nucléaire, à Lyon, formé par EDF et ses filiales (Edvance, Framatome, ...) travaille au développement du nucléaire de demain. Dans le cadre du programme de construction des réacteurs EPR2 (qui comprend la construction de 3 paires de réacteurs EPR2 et l'étude de 4 paires additionnelles de réacteurs EPR2), le site de Bugey, dans l'Ain a été choisi pour étudier l'accueil de deux réacteurs.

Qu'est-ce qu'un réacteur EPR2 ?

Il s'agit de la toute nouvelle génération de réacteur EPR, à eau sous pression de forte puissance. Deux réacteurs EPR2 de 1670MW produisent 50% de l’électricité de l’Ile de France sur un an.

Ce programme comprend aussi, en région Auvergne-Rhône-Alpes, l’étude de réacteurs nucléaires innovants : les SMR et AMR. Ce sont des réacteurs compacts de petite puissance qui proposent d’autres usages que la seule production d’électricité, permettant ainsi de décarboner des secteurs autres que la production d’électricité (industrie, chauffage, transport). Leur design simple permet une fabrication standardisée et en série de beaucoup de composants et systèmes, en usine, qui sont ensuite assemblés sur site.

Réacteurs SMR et AMR, de quoi parle-t-on ?

Les réacteurs SMR (small modular reactors) sont basés sur des technologies existantes et les réacteurs AMR (advanced modular reactor) utilisent des technologies innovantes et variées.
Les SMR et AMR sont destinés à produire de la chaleur (pour les usines ou les réseaux de chaleur urbaine), utiliser la cogénération (chaleur + électricité) pour produire de l’hydrogène et des carburants durables ou dessaler l’eau douce, équilibrer les réseaux électriques en complément des énergies renouvelables (via le suivi de charge, et des dispositifs de stockage intégrés), alimenter les sites isolés. Certains AMR peuvent en outre diminuer le volume et la durée de vie des déchets, en utilisant comme combustible les déchets des centrales actuelles.

Le programme "Grand carénage"

Il s’agit du programme de maintenance et d’amélioration continue des réacteurs nucléaires existants. Il vise à poursuivre le fonctionnement des réacteurs d’EDF au-delà de 40 ans tout en garantissant la sécurité des installations et le niveau de sûreté attendu pour protéger l’homme et l’environnement.
En Auvergne-Rhône-Alpes, 14 réacteurs nucléaires sont concernés, ils sont placés à Bugey (01), Saint-Alban (38), Cruas-Meysse (07) et Tricastin (26).

Démantèlement et traitement des déchets nucléaires

La déconstruction et le traitement des déchets (des centrales en démantèlement et des centrales existantes) est une étape normale dans la vie d'une centrale nucléaire. EDF en assure la responsabilité technique, financière et réglementaire. Au sein du groupe, 1 000 personnes sont mobilisées sur les opérations de déconstruction et de gestion des déchets radioactifs.

La région Auvergne-Rhône-Alpes est particulièrement en pointe sur ces activités. Le pôle d'ingénierie d'EDF pilotant l'ensemble des activités de démantèlement en France est situé à Lyon. Contrairement au parc en exploitation qui, lui, est standardisé, les neuf réacteurs en cours de déconstruction sont de quatre technologies différentes. Leur déconstruction nécessite donc de développer des technologies innovantes et des modes d'intervention uniques (simulations numériques, robots télé-opérés, etc.).
Cylife, filiale d'EDF et leader européen du démantèlement nucléaire et de la gestion des déchets radioactifs de faible et très faible intensité, est également présent à Lyon pour organiser ces activités.

Les projets clés dans la région :

  • Dans le cadre des activités de traitement des déchets nucléaires, l’installation EDF de conditionnement et d’entreposage des déchets activés (ICEDA) a été lancée fin 2020, en Auvergne-Rhône-Alpes, sur le site de la centrale nucléaire de Bugey (01). Elle permet d’entreposer temporairement des déchets radioactifs en attendant leur stockage définitif.
  • Deux installations nucléaires EDF, la centrale de Creys-Malville (38) et la centrale de Bugey (01) sont en démantèlement sur le territoire.

Projet d'évolution de sites existants

  • Évolution des usines du cycle de combustible, sur le site d'Orano Tricastin, avec le projet d'extension de l'usine d'enrichissement d'uranium, qui a débuté en septembre 2024.
  • D'importants investissements de Framatome, en particulier sur le site de Romans (26).

La recherche : un élément fondamental du nucléaire

Il n'y a pas d'avancées ni de projets sans recherche ! Les chercheurs travaillent sur différents sujets. En voici quelques uns :

  • Les activités de recherche du CEA Marcoule-Cadarache portent sur l’utilisation durable des ressources : le cycle des matières, le traitement et recyclage des combustibles, la gestion des déchets…

  • La fusion nucléaire : lors de la fusion de deux noyaux atomiques légers qui vont former un seul noyau lourd, une grande quantité d’énergie est libérée. Les chercheurs du monde entier étudient le phénomène. L’objectif est d’arriver à l’appliquer à la production d’énergie.

  • L’exploration spatiale : actuellement le nucléaire joue un grand rôle dans la conquête spatiale. Pour Framatome space (r), « la propulsion nucléaire peut offrir des vitesses supérieures et une plus grande efficacité. Elle réduirait considérablement le temps nécessaire pour atteindre la planète Mars ».

  • Les applications médicales du nucléaire : quand on fait une radio le nucléaire médical est utilisé, la radiothérapie est une autre application du nucléaire médical. Le nucléaire sauve aussi des vies.

Création de 100 000 emplois dans le nucléaire en France

Qui dit projets nucléaires dit création d’emplois ! Dans les 10 ans à venir, 100 000 emplois sont à pourvoir dans 3 200 entreprises techniques et spécialisées. Ces recrutements permettront de remplacer les départs (retraite ou reconversion) et de faire face à l’accroissement d’activité lié aux projets du nucléaire existant et du nouveau nucléaire.

Quels sont les métiers concernés ?

De nombreux métiers sont concernés par les recrutements. Parmi eux, 80 métiers techniques vont recruter dans des secteurs génériques accessibles avec ou sans formation spécifique au nucléaire ; c’est le cas de la mécanique, l’électricité, le génie civil…
Pour certains métiers, les recrutements sont lancés, pour d’autres les embauches se feront selon le calendrier des projets. Les emplois de construction et d’exploitation, directement liés aux projets du nouveau nucléaire, auront lieu dans un second temps.

Quels métiers recrutent immédiatement ?

Les métiers liés à la poursuite de l’exploitation des centrales existantes : automaticien, bobinier, chaudronnier, électricien, fondeur, forgeron, soudeur, technicien maintenance, technicien radioprotection, tuyauteur, personnel certifié pour les contrôles non destructifs (END- CND).

Les métiers d’ingénierie qui préparent les nouveaux réacteurs : chef de projet, ingénieur études conception électricité, ingénieur études conception mécanique, ingénieur procédés/ingénieur installation générale.

Quels métiers recruteront pour la construction de nouveaux projets ?

Les métiers qui construiront les nouveaux réacteurs c'est-à-dire ceux du génie civil : conducteur de travaux, monteur, coffreur-bancheur, dessinateur- projeteur, projeteur génie-civil/projeteur BIM.  

Pour l’ensemble de ces métiers, les industriels du nucléaire attendent des profils variés, avec une volonté de diversifier et de féminiser davantage ses recrutements : avec ou sans qualification, avec ou sans expérience.

Les métiers du nucléaire

De la conception à l'exploitation en passant par la maintenance, des métiers pour tous les goûts !

©BALLOFFET GABRIELLE ; photographe interne entreprise

Vers les métiers du futur

De la conception à l’exploitation en passant par la maintenance, les métiers du nucléaire évoluent et évolueront dans les années à venir. Ces changements sont notamment liés aux nouvelles technologies.

20 métiers en tension dans la filière nucléaire

L'Université des Métiers du Nucléaire, association qui œuvre pour la filière nucléaire, a identifié une liste de 20 métiers en tension :

L'Université des Métiers du Nucléaire

Afin de favoriser les recrutements pour la filière, l’Université des Métiers du Nucléaire mène des actions sur les territoires et en ligne. Destinées à tous les publics, élèves, étudiants, demandeurs d'emploi et personnes en reconversion, ces actions ont pour but de :

  • Faire connaître les métiers et les rendre attractifs,
  • Faire connaître toutes les voies de formation qui préparent à ces métiers,
  • Faire connaître les besoins de compétences sur tout le territoire en rassemblant sur le site www.monavenirdanslenucleaire.fr, toutes les offres d’emplois, stages, alternance.
 

Coup de projecteur sur des métiers du nucléaire

Julie, Cheffe de projet ingénierie
Simon, Conducteur de travaux
Marine-Alizée, Dessinatrice projeteuse
Ingénieur et technicien exploitation nucléaire
Alison, Pilote de programme démantèlement
Nicolas, Ingénieur contrôle commande
Alexandre, Technicien électrique
Jérémy, Technicien de maintenance
Christian, Tuyauteur nucléaire

Les formations aux métiers du nucléaire

Le nucléaire, une filière qui recrute à tous les niveaux de diplôme et à tous les âges

©STEPHANIE JAYET
Du CAP au Bac + 8, la filière nucléaire recrute à tous les niveaux de diplômes, à tous les âges et aussi par la voie de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).

A l’exception des métiers liés à la radioprotection et de ceux de la sûreté nucléaire, il existe très peu de formations spécifiques au nucléaire. Les emplois dans le nucléaire ne sont donc pas réservés à des formations particulières. Ils sont ouverts à de nombreux diplômes, plus généralistes.

La spécialisation nucléaire sera apportée par le biais de la formation continue, prise en charge par l’employeur. A noter que les employés du nucléaire sont davantage formés au cours de leur vie professionnelle que les employés d’autres secteurs de l’industrie !

Certaines formations sont obligatoires pour travailler sur un site nucléaire. Dans ce cas, elles sont organisées soit par l’employeur, soit pendant un parcours d’accès à l’emploi ou un parcours d’études.

Pour faciliter l’ouverture et développer la curiosité vers les métiers du nucléaire, l’Université des Métiers du Nucléaire propose des bourses au mérite aux élèves et étudiants des formations recherchées par les industriels de la filière nucléaire française. Chaque boursier est accompagné d’un(e) parrain/marraine issu(e) des entreprises de la filière, pour l’aider dans son orientation.

Autre formule pour mieux connaitre l’industrie nucléaire et ses projets : certains établissements d’enseignement et des agences France Travail proposent le Passeport nucléaire, un dispositif qui permet d’acquérir des connaissances de base sur l’énergie nucléaire, de découvrir les métiers et de visiter des sites industriels pour se familiariser avec l’environnement de travail nucléaire.


Des exemples de formation pour exercer un métier dans le nucléaire


En CQP Mécanicien de maintenance en robinetterie industrielle à Grenoble, je réalise des diagnostics, dépannages et essais dans le cadre de la maintenance de différents robinets  industriels.
Je peux exercer le métier de Robinétier , Mécanicien ou Technicien de maintenance

En CAP Conducteur d'installations de production à Grenoble, j'assure la conduite en production d'un système industriel. Je peux exercer le métier de Robinetier, Mécanicien en machines tournantes, Automaticien ou Technicien traitement thermique.

En Bac pro Technicien en chaudronnerie industrielle à Annecy, je connais les techniques d'assemblage propres aux matériaux que je travaille. Je peux exercer le métier de Soudeur, Tuyauteur, Chaudronnier, ou Charpentier métallique.

En BTS Environnement nucléaire à Montélimar, je participe à la vie du chantier, du démarrage au démantèlement.
Je peux exercer le métier de Technicien radioprotection, Opérateur démantèlement ou Technicien logistique.

En Master Assainissement Démantèlement des installations nucléaires à Valence, je rédige les cahiers des charges pour des robots d'investigation. Je peux exercer le métier d'Ingénieur démantèlement et assainissement ou d'Ingénieur radioprotection.

Ce dossier a été réalisé avec nos partenaires :


 

Mise à jour le 4 décembre 2024